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La liberté de Presse en Afrique du Nord – Les blogueurs et Journalistes sont-ils en sécurité ?

Avoir la liberté de presse, c’est l’objectif pour lequel se battent de nombreux individus et associations à travers le monde. Si le travail que font les quotidiens à divers niveaux sont aujourd’hui d’une utilité indubitable, la liberté de presse conserve son mal-être et demeure en grand péril face aux machinations et aux perfidies des acteurs politiques véreux. Ne dérogeant pas à la tradition, le continent noir est secoué par ce mal qui sévit notamment en Afrique du Nord. Cet article vous offre un tour d’horizon sur la situation des journalistes et blogueurs en Afrique du Nord. Sont-ils en sécurité ?


Les accusations de terrorisme à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme sont fréquentes. Les blogueurs et les journalistes nationaux et internationaux sont particulièrement visés. Certaines accusations se limitent à la sphère publique (stigmatisation), d’autres sont de nature pénale. Des Lois sur l’atteinte à la sécurité de l’Etat ont été utilisées pour emprisonner des journalistes et blogueurs pour avoir exercé pacifiquement leur liberté d’association. La Commission Africaine a ouvertement exprimé des préoccupations quant aux « restrictions excessives portées à la défense des droits humains ».

Mauritanie

Cheikh Ould Jiddou et Abderrahmane Weddady, deux blogueurs ayant dénoncé sur Facebook la corruption présumée du gouvernement ont été arrêtés le 22 mars, inculpés de diffamation et détenus à la prison centrale de Nouakchott.

Par la suite, ils ont été libérés sous caution respectivement le 3 juin et le 29 juillet après que le juge a abandonné toutes les charges qui avaient été retenues contre eux.

Le 23 juin, lendemain de l’élection présidentielle, l’accès à Internet a été bloqué après que le candidat du parti au pouvoir, Mohamed Ould Ghazouani, s’est déclaré vainqueur. Tandis que les manifestations étaient réprimées, le blocage de l’accès à Internet a empêché les journalistes, les défenseurs des droits humains, les militants et les membres de l’opposition d’obtenir et d’échanger des informations librement. Ce n’est que le 03 juillet que l’accès à Internet a été rétabli. Dans les jours qui ont suivi le scrutin présidentiel, plusieurs journalistes, personnalités de l’opposition et militants de la société civile ont été arrêtés sans raison. Il s’agissait notamment de :

- Samba Thiam, dirigeant des Forces progressistes pour le changement, arrêté le 24 juin et libéré le 3 juillet ;

- Cheikhna Mohamed Lemine Cheikh, responsable de campagne de la Coalition Sawab/Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste à Ksar, arrêté le 24 juin et libéré le 2 juillet ;

- Yahya Sy, du groupe de défense des droits humains COVISSIM, arrêté le 3 juillet et relâché sans inculpation six jours plus tard ;

- Moussa Seydi Camara, journaliste, arrêté le 26 juin, accusé d’avoir contesté les résultats du scrutin et libéré le 3 juillet ;

- Ahmedou Ould Wediaa, militant antiesclavagiste, journaliste et membre du parti d’opposition Tawassoul, arrêté le 3 juillet à la suite de déclarations contre les arrestations collectives d’étrangers que les autorités considéraient comme responsables des manifestations liées à l’élection.


Ce dernier a été remis en liberté le 15 juillet. Dix militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste ont également été arrêtés fin juin. Quatre ont été condamnés à trois mois d’emprisonnement. Ils ont tous été relâchés en novembre. On a également le cas de Mohamed Mkhaïtir, blogueur et prisonnier d’opinion arrêté en 2014 pour avoir publié un billet de blog dénonçant la discrimination au nom de la religion. Il a été libéré le 29 juillet après plus de cinq ans de détention arbitraire. Dix militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste ont également été arrêtés fin juin. Quatre ont été condamnés à trois mois d’emprisonnement et tous ont tous été relâchés en novembre.

Par ailleurs, les autorités ont interdit les manifestations que des groupes d’opposition avaient prévu de tenir le 27 juin pour contester les résultats de l’élection présidentielle du 22 juin. En octobre, la police a eu recours à une force excessive pour disperser des manifestations pacifiques organisées par des étudiants contre une décision prise en 2018 par les pouvoirs publics. Celle-ci limitait les inscriptions à l’université. Des dizaines d’étudiants et étudiantes ont été blessés avant que la mesure restrictive en question ne soit annulée le 6 novembre. Les manifestations organisées pendant l’année par un groupe de victimes d’escroqueries présumées à la propriété ont souvent été dispersées avec violence par les forces de sécurité. Mohamed Mkhaïtir, blogueur et prisonnier d’opinion arrêté en 2014 pour avoir publié un billet de blog dénonçant la discrimination au nom de la religion, a été libérée le 29 juillet après plus de cinq ans de détention arbitraire. Il aurait dû être libéré en novembre 2017 à la suite d’un arrêt de la cour d’appel, mais les autorités l’ont maintenu dans un lieu tenu secret jusqu’à sa libération. Il n’avait que peu de contacts avec sa famille et était privé de l’assistance de ses avocats.


LYBIE


Ainsi, les quotidiens Oéa et Cyrenne, propriétés de la société d’impression, d’édition et de distribution al-Ghad, annoncent en janvier qu’ils paraîtront uniquement en ligne après que l’Autorité de générale de la presse ait refusé leur impression au motif d’un défaut de paiement de factures.

Le 3 novembre, la version papier et hebdomadaire d’Oéa est suspendue à la suite d’une décision du Premier ministre, Baghdadi Ali Mahmoudi. Ces décisions précèdent l’arrestation de 22 journalistes les 4 et 5 novembre et la fermeture par l’Agence de presse privée Libya Press, le 7 décembre, de son bureau de Tripoli.


La libération à la suite de l’intervention du colonel Kadhafi en leur faveur quelques jours plus tard des journalistes arrêtés (Panapress, 9/11/2010) n’arrive pas à camoufler les atteintes à la liberté de la presse, pourtant garantie par la législation libyenne. Le traitement de certains sujets comme la corruption, l’appel au retour d’anciens membres du CCR tels que Abdessallam Jalloud pour y remédier ou la révélation par Libya Press de l’opposition au retour de réfugiés en exil énoncée par certains membres des comités révolutionnaires ont été les motifs avancés pour expliquer cette offensive contre ces nouveaux médias. Quatre journalistes de Radio Benghazi animant une émission spécialisée dans la dénonciation de la corruption sont parmi les victimes de cette offensive. Ils ont été arrêtés le 16 février 2010 et ont été licenciés dans la foulée par le directeur de la radio.

EGYPTE


Le 7 mai, un tribunal a annoncé qu'il avait l'intention de condamner à mort par contumace deux journalistes d'al Jazeera, pour des accusations d'espionnage. Le jugement sera approuvé ou revu en juin après les consultations avec le grand mufti, la plus haute autorité religieuse sunnite du pays, dont l'opinion n'est pas contraignante. Le 23 mai, le journaliste français Remy Pigaglio s’est vu interdire l’accès sur le territoire sans aucune explication. Selon l'ECRF, sur une période de huit mois, entre août 2015 et mars 2016, au moins 540 personnes ont été victimes d'une disparition forcée, dont beaucoup ont été soumises à des actes de torture et à d'autres mauvais traitements.


MAROC – ALGERIE - TUNISIE


En Afrique du Nord, les restrictions à la liberté d'expression perdurent à travers les meurtres de journalistes, la fermeture de stations radio, la régulation des médias, ainsi que l'utilisation de la législation anti-terroriste à des fins de restriction des activités des défenseurs des droits humains.


Les menaces à la liberté d'expression sont multiples ; on notera les assassinats de journalistes ; les lois criminalisant les activités liées à la liberté d'expression, telles que la diffamation; le refus d'enregistrement pour les maisons de presse; et les accusations faites aux journalistes d’être irresponsables et antipatriotiques. Les multiples menaces contre les journalistes mettent en péril la qualité des médias.


Le manque d'indépendance du pouvoir judiciaire signifie un risque accru pour les journalistes. Le lien entre liberté d'expression et indépendance du pouvoir judiciaire interpelle. Alors que les tribunaux sont censés être des partenaires du progrès, ils fournissent des menottes pour les journalistes.


L’absence d’indépendance et le mauvais fonctionnement du pouvoir judiciaire sont à la base de cette situation. Une détérioration de l’état des droits de l'homme dans le Nord de l'Afrique a été illustrée par des exemples de torture, des exécutions extra-judiciaires et des attaques contre la société civile. Au cours d’une session de la CADHP, un représentant d’une ONG a appelé les pays d’Afrique à mettre en place une législation protégeant le droit d’accès à l’information.

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